La Région Grand Est est fortement mobilisée sur les questions de santé publique. Nadège Hornbeck, vous êtes vice-présidente de la Région Grand Est déléguée à la santé, la prévention et au handicap. Pour vous, il y a urgence. Il faut que la collectivité vienne en appui au secteur de la santé.
Ce n’est un mystère pour personne, que le système de santé a besoin de renforts et de moyens supplémentaires. Nous projetons que dans les dix prochaines années, la Région Grand Est comptabilisera environ 3 300 personnes âgées dépendantes de plus chaque année. Nous devons garder un service identique à l’actuel et il faudra donc créer des emplois supplémentaires dans le champ du sanitaire et du social. Nous projetons également un médecin sur trois, qui partira à la retraite dans les dix prochaines années et nous estimons aujourd’hui que pour remplacer un médecin, il en faut deux.
Alors comment aider ? C’est un levier financier que la Région va mettre en place ?
Alors ce sont différents dispositifs de soutien à l’installation de médecins par exemple, ou au maintien de services de soins de proximité, de promotion à la santé. Nous œuvrons aussi en faveur de la santé environnementale, la santé des jeunes et l’innovation.
On va aborder un point important, c’est celui de la lutte contre la désertification médicale sur le territoire du Grand Est.
Absolument, et cela fait partie finalement d’une des compétences de la Région, qui est l’aménagement du territoire. L’Agence Régionale de Santé estime que 70% du territoire est en zone sous-dense, c’est-à-dire qu’il n’y a pas assez de médecins et c’est pour ça que nous intervenons. Nous avons décidé d’avoir une politique volontariste et d’intervenir en soutien aux maisons de santé publiques et privées notamment et puis également sur les bourses aux étudiants internes en médecine, par exemple, pour les inciter à venir dans les territoires dépourvus de médecins.
Des exemples peut-être pour illustrer un petit peu ce propos, avec la création d’une maison de santé pluriprofessionnelle ?
Nous soutenons par exemple une création de maison de santé pluriprofessionnelle portée par la commune de Thaon-les-Vosges. Un projet visant à regrouper sur un même lieu deux médecins généralistes, un chirurgien-dentiste, trois infirmières libérales, une sage-femme, un psychologue. Et c’est un bassin de vie qui souffre justement de la désertification médicale. Puis il y avait là une importance et une urgence d’intervenir et d’agir aux côtés de l’ARS, de l’Agence Régionale de Santé.
Agir et faciliter aussi l’implantation d’un cabinet médical, ça aussi c’est aujourd’hui dans les cordes de la Région ?
Absolument, dans le Bas-Rhin à Nordhouse, nous avons soutenu l’implantation d’un cabinet médical dans un local dont la commune est propriétaire, afin d’y installer deux médecins. Ces deux médecins étaient déjà au sein de la commune. Ils étaient dans un local trop étroit et ils payaient un loyer chez un propriétaire privé. Ils ont souhaité avoir un local qui leur correspond plus et cela fait partie de l’attractivité finalement du métier, de maintenir l’offre de soins dans un territoire et dans un bassin de vie, notamment dans une petite commune comme celle de Nordhouse.
Et parfois, il faut partir directement au contact du public, c’est le cas dans les Ardennes.
Nous lançons aussi des dispositifs permettant d’aller vers le citoyen ou le patient citoyen, avec un appel à projet que nous avions lancé en début d’année. Nous avons soutenu un médico-bus des femmes dans les Ardennes, à Charleville-Mézières. Ce bus sera d’ailleurs mis en circulation début de l’année 2024. C’est un bus itinérant qui permettra d’assurer des actions de prévention, d’information à la contraception, de suivi de grossesse et de post partum et également un suivi gynécologique pour les femmes. Ce sont des puéricultrices, des sage-femmes et des assistantes sociales salariées des hôpitaux Nord-Ardennes qui sont embarquées dans le projet. C’est un très beau projet dont la Région est bien évidemment fière de soutenir.
Quand on évoque la santé, bien sûr, on parle aussi de formation et puis de l’attractivité de ces métiers.
L’attractivité des métiers est effectivement un enjeu majeur et cela passe en premier lieu par la formation. En Région Grand Est, ce sont 118 instituts de formation sanitaire rattachés à 43 établissements hospitaliers ou associations gestionnaires qui forment plus de 13 000 étudiants. Et pour répondre aux besoins de recrutement liés au grand âge et à la crise sanitaire, dès la rentrée 2020, nous avons augmenté le nombre de places chaque année et nous tâchons de l’augmenter en fonction aussi des réalités territoriales puisqu’il faut remplir ces places de formation. Nous accompagnons en tous cas les instituts à remplir ces places supplémentaires et à former au mieux les étudiants.
Si vous le voulez bien, parlons aussi de l’innovation, parce que parfois l’innovation peut être un moyen de pallier aux difficultés quand on a des désertifications médicales.
Absolument, l’innovation est un sujet incontournable en santé dont la Région s’est bien évidemment saisie. Une première en France, nous avons établi une feuille de route télémédecine avec l’Agence Régionale de Santé, la préfecture et l’Assurance maladie. L’objectif, c’est de déployer sur la Région Grand Est environ 200 sites de télémédecine qui permettront aux citoyens, aux patients de pouvoir consulter un médecin, qu’il soit généraliste ou spécialiste, et de raccourcir les délais lorsqu’ils sont trop longs.
Et puis on ne pouvait pas faire l’impasse sur un aspect quand on parle de santé, c’est celui de l’hôpital. Pour la Région, il y a une réflexion autour de l’hôpital du futur.
Alors l’hôpital du futur, c’est un programme que nous avons inventé en Grand Est. Là aussi, c’est une première en France. Nous co-portons avec l’Agence Régionale de Santé le programme « Hôpital du futur », avec un soutien à l’innovation, qu’elle soit organisationnelle ou en faveur de l’environnement, et nous avons donc neuf millions d’euros de soutien à destination d’hôpitaux dans le Grand Est qui s’inscrivent dans cette nouvelle dynamique.
Madame Hornbeck, merci. C’est une coproduction réalisée par les radios associatives, avec le soutien de la Région Grand Est.
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